Qui est Narendra Modi, nouveau premier ministre de l’Inde
Chef d’entreprise, secrétaire général de la Global Organization of People of Indian Origin
“Be not afraid of greatness. Some are born great, some achieve greatness, and others have greatness thrust upon them,*” Malvolio in Shakespeare’s Twelfth Night.
*N’ayez pas peur de la grandeur. Certains sont nés avec, certains l’atteignent d’autres l’ont malgré eux “
Lors de ces élections, celui qui est né grand (Rahul Gandhi, issu de la dynastie Nehru-Gandhi, et vice-président du parti du Congrès) semble hésitant et indécis dans les choix pour mener à bien sa campagne électorale, ses peurs ont conduit le parti du Congrès à son score le plus bas de son histoire.
Et celui qui s’est fait appelé NaMO (Narendra Modi) par ses fidèles avec des origines modestes a su convaincre plus de 40% d’électeurs à voter pour lui et pour son parti afin d’avoir une majorité absolue au parlement Indien:
Dans quelques heures, Il sera nommé officiellement Premier ministre de l’Inde, Je me permets de vous faire une brève analyse rétrospective de ses débuts dans la politique jusquà sa nomination à la plus haute fonction exécutive de l’état, et de vous donner un aperçu des attentes de la population indienne qui ont voté en masse pour lui et son parti ainsi que celles de la diaspora indienne.
La nomination de Modi comme Chef de campagne
Contre l’avis des cadres du parti, Modi a été nommé Chef de campagne du scrutin 2014 du BJP (Bharatiya Janatha Party). Il doit cela à son parcours, et plus particulièrement au fait d’être à ce moment le Chef du Gouvernement de l’État fédéral du Gujarat tout en étant proche de la population et connu pour mener une vie simple qui le rend familier avec les gens ordinaires et sensible à leurs problèmes. Ses talents d’orateur lui ont permis de transmettre ses pensées avec des mots simples comme “Abki Baar Modi Sarkar” le gouvernement de Modi est votre gouvernement ou “Sabki Sath, Sabki Vikas” Soyons unis pour le progrès de tous – Il est aussi le premier politicien indien à inclure aussi fortement l’utilisation des nouvelles technologies et les réseaux sociaux dans sa communication. Il affirme ainsi son objectif de changer la politique de “dynastie” et occupe le terrain en allant à la rencontre des populations. Modi a parcouru tout le pays, couvrant plus de 300.000 km et animant des centaines d’événements. Toutes ces rencontres lui ont permis de conforter sa stratégie et son discours sur le plan politique et social qui le conduisent aujourd’hui aux plus hautes responsabilités.
La victoire de parti BJP avec une majorité absolue
Pour l’élection de cette année, les résultats sont parlants. La population s’est véritablement mobilisée pour exprimer son choix. Déjà, il faut noter que le taux de participation a été exceptionnel (estimé à 66,36 %) sur un total de 814 millions d’électeurs.
La répartition des sièges donne au BJP une majorité absolue. Effectivement, sur un total de 543 sièges, Modi peut compter sur les 282 obtenus par le BJP alors que seul 273 suffiraient
Il peut aussi compter sur son allié NDA (National Democatric Alliance) pour atteindre un total allant jusqu’à 335 sièges.
Une première depuis 30 ans, un parti va pouvoir gouverner l’Inde en majorité absolue, et ne plus dépendre des caprices régionaux. Il ne faut pas oublier que le pays est divisé en plus de 28 États féderaux et 7 territoires. Une politique portant sur des réformes à l’échelle nationale va pouvoir émerger, enfin la politique étrangère va aussi pouvoir être menée plus largement sans dépendre des pouvoirs régionaux. Cela s’illustre par le passé dans le cas des relations avec le SRI LANKA. L’INDE a connu des moments de tension avec le Sri Lanko pour la cause Tamoul (l’INDE est le premier pays résidant de population Tamoul dans le Monde). Sans majorité absolue du Gouverment, l’État de Tamil Nadu était prioritaire dans la gestion de la politique étrangère avec le Sri Lanka.
Les actions des premiers mois du nouveau gouvernement
La croissance économique a chuté. Il est évident que la priorité du prochain gouvernement devrait être de relancer la croissance avec une approche à deux chiffres tout en maitrisant l’inflation. Une nation qui ne peut pas fournir des soins de santé de base, l’éducation ou le logement à nombre de ses habitants, et où des millions survivent sans un repas complet par jour, ne peut prétendre être véritablement un pays “développé”.
La corruption est devenue endémique, et ronge dans l’âme cette nation, outre la hausse des prix et du coût de l’emploi. Face à la corruption exercée à différents niveaux dans le pays. Cela exigera de revoir de façon complète les modes d’organisation à propos de l’économie, de la bureaucratie, de la police et de la sécurité intérieure ou encore de l’appareil judiciaire. La transparence doit devenir la règle pour tous les responsables et à tous les niveaux.
La politique fiscale doit aussi être réformée. Même si les impôts indirects ont évolué en 2005, de nombreux progrès restent à faire sur les échanges commerciaux intra-Etats indiens et aussi avec les importations. Pour les impôts directs des particuliers, étant donné que seul 3 % de la population a un revenu imposable selon les critères actuels, la marge de progression a un potentiel énorme, sans pour autant faire le choix d’alourdir ceux qui y contribuent déjà.
L’INDE a besoin d’être transparente, non fragmentée, avec des règles partagées dans les différents États fédéraux pour unifier le marché intérieur. Pour exemple, la TVA doit être remise sur les rails en provoquant l’uniformité des taux, des règles et des procédures dans les différents États. Peu importe son nom (TPS ou TVA, taxe centrale ou taxe à la consommation), mais le pays se doit d’avoir un régime de taxe indirecte économiquement efficace et qui favorise la croissance et les échanges commerciaux (devrait devenir la variante préférée des droits de douane dans le cadre de la libéralisation du commerce).
L’organisation même du gouvernement mérite réflexion. Citons par exemple la possibilité de dissoudre plusieurs ministères comme ceux spécialisés pour le textile ou celui de l’acier.
Les attentes de Diaspora indienne face à l’arrivée de MODI au pouvoir
La diaspora souhaite que Modi apporte l’impulsion nécessaire à une consolidation de l’Inde, certes riche de sa culture, mais disposant d’infrastructures et d’une organisation globale du niveau des superpuissances mondiales. Ce n’est pas pour revenir vivre en INDE que cela est important pour eux, mais bien pour représenter des interfaces efficaces dans la gestion d’affaires avec l’Inde, grâce à leur double compétence : l’interculturel lié à leurs origines et à leur pays d’accueil actuel. Ainsi Modi pourra légitimement promouvoir l’investissement direct étranger. Sur les marchés BtC, prenons l’exemple de la distribution. Le marché indien de la distribution devrait représenter une valeur de 500 milliards de dollars en 2020 et pourrait créer jusqu’à 100 millions d’emplois dans les 10 prochaines années. Cet enjeu sera réaliste avec une plus grande ouverture sur le commerce extérieur avec le soutien de la diaspora.
Ce sont quelque 28 millions de personnes d’origines indiennes qui vivent à l’étranger et qui restent une des premières force à contribuer à l’économie locale avec l’envoi de devise étrangère à hauteur de 70 milliards de dollars, L’Inde reste le premier récepteur mondial des envois de fonds, Parmi cette Diaspora, quelques millions de personnes vivent dans leur pays de résidence sans disposer forcément d’une reconnaissance de l’État Indien. Pour exemple la France a profité entre 1860 et 1882 de l’engagisme avec 30 000 indiens volontaires pour venir travailler sur des contrats parfois un peu flou mais annoncé pour une durée initiale de 5 ans. Mais les colons (ou leurs recruteurs) ont détruit les fiches d’immigration afin de garder captive cette main d’œuvre. Les familles sont donc restées et y sont maintenant depuis parfois 160 années. Aujourd’hui ces personnes d’origines indiennes ne sont pas reconnues par l’État indien par manque de preuve de leur ascendance indienne. De fait, l’obtention de la carte PIO (Person of Indian Origin) n’est pas possible. GOPIO*, que je représente œuvre, pour que la loi qui définit les conditions pour l’obtention de carte PIO évolue et permette aux descendances indiennes de plusieurs générations d’obtenir gain de cause. Avec cette évolution les français d’origine indienne représenteraient pour la France un potentiel de gestion d’activité économique formidable pour mener des affaires avec l’Inde.
* GOPIO: Global Organization of People of Indian Origin