Les engagés indiens ont leur mémorial

Le Mémorial des engagés indiens a été inauguré samedi, selon les rites traditionnels hindous.

Guadeloupe_inagurationIl a fallu mettre les bouchées doubles pour permettre au Mémorial des engagés indiens d’être un tantinet présentable pour son inauguration, samedi aprèsmidi, au rond-point des deux canons, face au stade de Capesterre-Belle-Eau. Toute la journée de vendredi jusqu’au samedi matin non-stop, ouvriers et bénévoles ont oeuvré pour finaliser le gros des travaux qui avaient pris du retard, notamment pour cause de grève des agents communaux. Il fallait être prêt pour la cérémonie inaugurale, qui ne pouvait être reportée en raison de la présence des invités internationaux, arrivés dans le courant de la semaine. Et parmi ces invités, Tanigaï Nathakurukal, plus simplement appelé « Nathan », le pandit (prêtre hindou) chargé de diriger l’opération. Car, quand il s’agit d’inaugurer une école, voire un monument en mémoire des esclaves comme le Mémorial ACTe, on peut se contenter de couper un ruban tricolore. Là, il s’agissait de mettre en place une véritable cérémonie d’offrande et d’adoration — une puja —, en respectant des règles précises, parfaitement maîtrisées par un expert.

UNE HISTOIRE DOULOUREUSE MATÉRIALISÉE

Pour l’occasion, le pandit Nathan était assisté par les membres du Gopio (1) international et de sa déclinaison locale (Gopio Guadeloupe) que préside Michel Nayaraninsamy, à l’initiative du projet. Ce dernier a expliqué le sens de ce mémorial en ces termes : « Il s’agissait de matérialiser l’histoire douloureuse des 44 553 engagés indiens qui ont beaucoup souffert de violences et d’humiliations, ce qui s’est traduit par de nombreux morts, qu’on évalue à plus de 30 000, pour la plupart très jeunes, autour de 32 ans. » Il était donc important pour les Guadeloupéens d’origine indienne d’avoir ce monument. Cependant, si l’on en
croit Michel Nayaraninsamy, il n’est pas destiné à ressasser ce passé douloureux.
« Nous ne sommes pas prisonniers de cette histoire au point d’hypothéquer
notre avenir », a-t-il dit, mais « il convient d’écrire cette histoire avec rigueur et de créer les conditions pour que toutes les composantes de la population guadeloupéenne puissent vivre ensemble afin de faire avancer la Guadeloupe. »

Marcel GERVÉLAS
Global organization of people of Indian Origin